L'impossible reste à faire
Ni roi ni reine !
Le président peut bien avoir toutes les maîtresses qu'il veut, cela ne nous regarde pas.
Sa liaison « scooterisée » mérite cependant d'être commentée pour trois raisons :
La première a été parfaitement résumée dans une caricature parue dans l'Humanité : Effectivement, ce vaudeville détourne très opportunément l'attention sur le virage encore plus à droite de la politique de notre gouvernement. A tel point que l'on pourrait même se demander si l'affaire n'a pas été délibérément fuitée pour faire diversion.
Le deuxième sujet de réflexion très peu abordé dans les commentaires tient au statut des femmes de présidents qui prennent de plus en plus de place. On assiste au fil du temps à une évolution inquiétante qui nous vient d'ailleurs des Etats-Unis qui ont inventé (je crois) le modèle de « première dame ».
C'est un des signes les plus visibles d'une dérive monarchique : Quand nous élisons un président de la république, c'est un programme que nous choisissons, et nous lui donnons mandat pour qu'il mette en œuvre ce programme. C'est donc un contrat passé entre lui et la nation. Il est en quelque sorte embauché par la nation pour faire un travail, sur une durée déterminée. Nulle part, il n'est question d'embaucher sa femme ou sa famille. Il n'y a d'ailleurs aucune raison que la famille soit logée dans le palais présidentiel (qui pourrait lui même être remis en question).
Sa vie privée devrait rester totalement extérieure. Il est tout à fait anormal que la compagne du président ait droit à un bureau et à des secrétaires par exemple.
Le fait (entre autres) de braquer ainsi les projecteurs sur la compagne du président change complètement la nature même du contrat : le président n'est plus un simple représentant de la nation qui fait son métier. Ce n'est plus seulement son travail qui est en jeu, mais toute sa personne, y compris sa dimension familiale. La nation n'est plus représentée par un projet ou des idées, elle est incarnée, personnifiée par un homme, qui prend ainsi une dimension toute autre. Il en est magnifié, presque sacralisé, comme le roi l'était.
Beaucoup de commentaires portaient cette idée : « un président doit être exemplaire, il doit montrer une image digne », etc... Non, pas du tout. Il n'est pas l'image de notre pays. Il doit faire son travail honnêtement, respecter les engagements pris pendant sa campagne. Point.
Exemplaire et digne, oui, mais dans sa politique. Ailleurs, ce n'est pas notre problème. Considérer sa dimension privée, c'est accepter l'idée d'un roi incarnant la nation.
Il est temps de prendre conscience de cette dérive et de revenir à une république plus claire et plus modeste. Le train de vie de l'Elysée doit lui aussi être revu à la baisse.
Une fois n'est pas coutume, l'Allemagne peut ici nous servir de modèle. Le président n'a pas beaucoup de pouvoir et n'est pas très médiatisé, sa femme par conséquent non plus. La comparaison doit donc se faire avec la chancelière Angela Merkel. La photo de son mari n'est pas toutes les semaines dans les magazines, et il ne fait pas mine de s'occuper d’œuvres caritatives. De plus les dépenses liées aux cérémonies et à la représentation sont bien inférieures, l'étiquette y est nettement plus simple.
Revenons à une république normale, avec un président normal !
Et enfin, l'affaire est révélatrice d'un certain ordre moral de plus en plus présent ces derniers temps. Dans de nombreux commentaires, on a pu entendre plus ou moins clairement : « ce n'est pas bien de tromper sa femme, il faut être fidèle »
Personne n'a le droit de juger la façon dont un individu gère sa vie privée. Et le couple traditionnel n'est qu'un modèle parmi d'autres. Malheureusement on voit la morale chrétienne prendre de plus en plus de place dans le débat public. On l'a vu avec les manifestations contre le mariage pour tous, on le voit actuellement avec la remise en cause du droit à l'avortement. Et ce sont les mêmes qui vont en appeler à la laïcité pour limiter les droits des musulmans.
Attention, la laïcité vaut pour tout le monde !
Combien d'emplois auraient-ils pu être créés avec l'argent donné aux patrons ?
C'est la question que personne ne pose, alors que c'est la seule qui devrait être posée.
Le gouvernement donne des dizaines de milliards aux entreprises en leur demandant de créer des emplois (mais sans garanties, en comptant seulement sur leur bonne volonté), et on voit le résultat.
Et si ces milliards perdus servaient à créer des emplois directement ? On a besoin de plus de professeurs, de plus d'infirmières. On pourrait créer des emplois de maraîchers bios, puisqu'on en manque cruellement. Il y a tellement d'autres choses à faire, plus utiles avec cet argent.
Oui, une autre politique est possible ...
A la semaine prochaine
Colombe
Colombe88@laposte.net