Politique vs Justice

L'impossible reste à faire

L'arbre Taubira ne doit pas cacher la forêt Sarkozy !
Nicolas Sarkozy a été mis sur écoute à la demande des juges d'instruction qui enquêtent sur les accusations de financement occulte par la Libye de Mouammar Khadafi de sa campagne présidentielle de 2007. Plusieurs anciens responsables libyens    témoignent et disent posséder des preuves de ce financement illégal et dont les contreparties ne doivent pas être des plus avouables. Il est donc normal d'enquêter et dans ce cadre, les écoutes téléphoniques sont tout à fait légales et légitimes.
Donc première remarque : pourquoi les journalistes se sont-ils tout de suite employés à         savoir si les ministres étaient au courant ou pas. S'ils ne l'avaient pas su, les mêmes qui crient au scandale actuellement seraient montés au créneau pour dénoncer le mauvais fonctionnement des services et le dangereux manque d'information des ministres.
Il est donc compréhensible qu'ils n'aient rien ignoré de ces dispositions qui concernent un ancien président de la république. Cela ne change rien au fait que ces écoutes étaient nécessaires et que les juges d'instruction ont fait leur travail en toute indépendance.
Certains s'émeuvent de la possibilité d'utiliser ces écoutes pour d'autres affaires, puisque les enquêteurs y ont découvert des éléments qui permettent d'établir que Nicolas Sarkozy et son avocat Philippe Herzog étaient tenus au courant de l'avancement de l'enquête sur l'argent que Liliane Bettencourt aurait versé à l'UMP. Leur informateur, Gilbert Azibert, premier avocat général de la cour de cassation en aurait été récompensé par une mutation en or à Monaco. Il est vrai que normalement ces renseignements ne faisaient pas partie de l'objectif des écoutes. Un policier qui au cours d'une enquête obtient des renseignements sur un autre délit doit-il les ignorer, au motif qu'il n'a mandat pour enquêter que sur la première affaire ? Cela peut effectivement se discuter. Mais il est tout de même difficile pour un enquêteur de garder pour lui ces renseignements qui établissent quand même ce qui est en droit français un trafic d'influence par personne ayant autorité.
Et après tout, ce n'est quand même pas de leur faute si Nicolas Sarkozy traîne autant de casseroles. Car on soupçonne son implication dans bien d'autres affaires : le règlement plus que douteux du litige Tapie- Crédit Lyonnais qui a coûté 403 millions d'euros d'argent public, l'affaire des rétro-commissions sur la vente d'arme au Pakistan ( qui a quand même causé la mort de 11 français), le financement du meeting de Toulon en 2012, les primes en liquides de Claude Guéant au ministère de l'Intérieur …
On comprend que les chiens de garde de la droite ne sachent plus quoi inventer pour faire diversion, et on en veut à Mme Taubira d'avoir commis ce mensonge inutile qui leur permet d'allumer un contre-feu. L'argument est pitoyable, mais ils sont dans leur rôle en essayant de s'en servir. En revanche, il est inadmissible que les journalistes tombent dans le panneau et mettent ce mensonge sans grande conséquence sur le même plan que des trafics d'influence, des financements illégaux ou des affaires encore plus graves. On a même entendu pendant deux jours les media s'en donner à cœur joie sur « l'affaire Taubira » et spéculer sur l'identité du futur Garde des Sceaux tant il était certain que ce terrible scandale nécessitait sa démission immédiate. Une des seules ministres à tenter de mener une politique de gauche !  C'est sans doute aussi pour cela qu'elle est la cible de tant d'attaques.
Et au fait, pourquoi faire un scandale de ces écoutes légales et justifiées et ne pas s'émouvoir de celles de la NSA ? Les Etats Unis écoutent le monde entier, sans aucun droit de le faire, et il n'y a pas eu beaucoup de remous. On a même tenté d'arrêter celui qui nous avait alertés.
Il semble que certains soient au dessus de toutes les lois. Espérons que ce ne sera pas le cas de Nicolas Sarkozy, et que la justice pourra passer malgré tout.
     
A la semaine prochaine
Colombe
Colombe88@laposte.net