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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 07:25

La guerre jusque (et surtout) dans nos campagnes

Des esclaves dans nos champs ?

Il existait déjà les contrats OMI (Office des Migrations Internationales) pour des travailleurs surtout marocains ou tunisiens qui venaient trimer dans les champs français de 4 à 8 mois par an, sans avoir la possibilité de s'installer durablement et avec une protection sociale plus que minimale. De nombreux abus avaient amené des associations et des syndicats à défendre leurs droits et plusieurs procès avaient été gagnés contre des employeurs voyous.

Les ETT (Entreprises de Travail Temporaire) qui fournissent aux agriculteurs des travailleurs, à l'heure, sans contrat de travail.ont donc été créées pour contourner la difficulté. L'Union Européenne appelle cela la « migration circulaire de travail » ou le « partenariat pour la mobilité ». C'est joliment formulé. Comment cela fonctionne-t-il ? Quand un agriculteur a besoin de main d’œuvre, il appelle une de ces ETT(la plupart sont basées en Espagne, et fournissent des travailleurs souvent sud-américains)), et lui indique combien il veut de personnes, à quelle date et pour combien de temps. L'entreprise lui envoie ensuite une simple facture. Les heures de travail sont facturées à l'exploitant entre 15 et 17 euros, ce qui n'est pas moins cher que dans le cas d'un contrat courant. Mais il n'a plus aucune démarche administrative à faire. Si un ouvrier tombe malade ou ne donne pas satisfaction, il suffit qu'il appelle l'entreprise pour le remplacer immédiatement. L'exploitant n'a plus des personnes en face de lui mais des outils qu'il peut jeter ou remplacer comme bon lui semble.

De plus ces ouvriers loués à l'heure sont complètement sous la coupe de leur maison mère : transportés dans des bus appartenant à celle-ci d'une exploitation à l'autre, ou pour aller faire leur courses, logés dans des conditions précaires, ils sont pris en charge toute la journée et sont difficilement approchables par ceux qui voudraient les aider et faire respecter leurs droits. Par exemple, ils touchent des avances de 150 euros tous les 15 jours, le reste du salaire étant censé être versé au retour en Espagne. Comment vérifier que c'est bien le cas, et que les heures supplémentaires sont comptabilisées ? Car ils en font des heures supplémentaires, évidemment. Et quand il y a un accident du travail, qui est responsable ? Un ouvrier équatorien est mort de déshydratation dans une ferme des Bouches du Rhône. Qui aurait dû veiller à ses conditions de travail, l'exploitant ou l'ETT ? C'est devenu un grand classique que d'avoir recours à des sous-traitants pour échapper à toutes ses responsabilités. On le constate avec effroi dans l'industrie nucléaire.

Bien sûr, grâce au statut de travailleur détaché, les cotisations sociales sont payées en Espagne, où elles sont moins élevées qu'en France. Il y a eu des inspections du travail, mais qui n'ont jamais abouti à aucune sanction. Les ETT semblent bien s’être engouffrées dans une brèche que l'Union Européenne a fini par créer après tant de coups de boutoirs ultra-libéraux.

Et ces travailleurs, venant d'Equateur ou de Colombie sont de petits fermiers expropriés ou broyés par les grands groupes et ils n'ont plus que leurs bras pour survivre. Victimes une première fois dans leurs pays de la concurrence mondiale, ils sont esclavagisés pour des exploitants français eux-mêmes pris à la gorge par le système. La mondialisation, c'est vraiment merveilleux.


Les OGM sont arrivés

Le 22 avril dernier, la Commission Européenne a autorisé 10 nouveaux OGM pour l'alimentation, renouvelé 7 autorisations déjà existantes et approuvé 2 nouvelles fleurs OGM. José Bové a résumé la situation « le président de la Commission Européenne Jean Claude Juncker se couche devant le lobby des entreprises transgéniques ».

Les pesticides nous tuent à petit feu

Nous tous, mais les agriculteurs d'abord, qui sont en première ligne puisqu'ils manipulent ces poisons. Combien d'enfants d'agriculteurs déjà touchés par des malformations à la naissance ?


Que fait-on des résistants ?

Et ceux qui se battent pour résister à cette mondialisation et à cette industrialisation de notre agriculture sont criminalisés. Les neuf militants de la confédération paysanne qui ont procédé à des actions de démontage sur le site de la ferme-usine des 1000 vaches ont été lourdement condamnés (de 2 à 5 mois de prison avec sursis). E procès en appel a lieu le 17 juin.

Les vignerons bio qui refusent de traiter leurs vignes aux insecticides sont poursuivis.

Laurent Pinatel, porte parole de la Confédération Paysanne accuse: « ...toujours spolier plus, détruire plus, précariser, polluer, user nos vies et notre planète et la jeter, puisque tout est désormais éphémère, puisque la culture du court-termisme prévaut désormais sur les notions de partage et de vivre ensemble. Nous menons des combats, des luttes pour une certaine idée du bonheur… et on nous oppose ce froid réalisme, cette lucidité bidon, qui tente de nous marginaliser, de nous stigmatiser, de réduire à la portion congrue nos revendications « saugrenues » et « irresponsables »… Parce que concentrer les richesses entre les mains de de quelques uns, ce n'est pas irresponsables ? » Rien à ajouter.

Colombe88@laposte.net

Colombe






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