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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 18:00

L'impossible reste à faire

L'égalité, c'est bon pour tout !
inégalité2C'est la démonstration implacable de l'ouvrage de Richard Wilkinson et Kate Pickett, deux épidémiologistes anglais que le journal Fakir est allé interviewer. Ils ont travaillé pendant plus de trente ans sur des milliers de données statistiques dans des domaines allant de l'économie à la psychologie en passant par la sociologie ou l'immunologie.
Ils ont finalement réussi à donner une grille de lecture qui permette de donner un sens à des données qui leur paraissaient a priori assez incompréhensibles :
Par exemple l'espérance de vie dans les différents pays : Les pays les plus pauvres ont l'espérance de vie la plus faible. Quand on n'a pas les moyens de se nourrir et de se soigner, on vit moins vieux, c'est logique. Mais les statistiques montrent que si l'espérance de vie augmente naturellement en fonction de l'augmentation des revenus jusqu'à un certain niveau (environ 10 000 dollars par habitant), elle est ensuite complètement dé-corrélée du revenu : Comment expliquer que les Qataris qui ont un revenu par habitant d'environ 30 000 dollars vivent significativement moins vieux que les costaricains ou les cubains qui sont trois fois plus pauvres ?
On pourrait bien sûr penser à des facteurs climatiques ou culturels comme les habitudes alimentaires. Mais les deux chercheurs ont eu l'idée de classer les données suivant le degré d'inégalités dans les pays. Et là le graphique est formel : l'espérance de vie dans un pays est très nettement liée à son degré d'égalité sociale. Plus une société est égalitaire, plus on a de chances d'y vivre  vieux. Forts de cette découverte, ils ont alors eu l'idée d'étudier beaucoup d'autres données en fonction de ce facteur de l'égalité. Et surprise : les graphiques sont assez spectaculaires : Les sociétés ayant les plus grandes différences sociales ont les plus mauvais résultats partout, que ce soit pour la santé mentale, les résultats scolaires, les comportements civiques ou écologiques ou même l'innovation scientifique.
Et ils expliquent celinegalitéa assez bien : dans une société inégalitaire, les individus sont toujours en situation de concurrence. Ils sont en permanence dans un sentiment d'insécurité. Ils doivent se battre pour conserver leur statut social. Et ce stress est le pire qui soit. Une étude montre que le stress lié à l'image de soi que l'on renvoie à la société, c'est à dire au souci de sa place dans la hiérarchie sociale est beaucoup plus fort que tous les autres stress comme la peur de la douleur ou même de la pauvreté. Nous sommes des animaux sociaux et notre place dans le troupeau est quelque chose de très important.
Dans une société, même pauvre, où l'on se sent socialement et affectivement en sécurité, on vit beaucoup mieux. Cette insécurité sociale est due aux inégalités  de revenus bien sûr , mais elle est aussi générée par la plus grande mobilité et l'individualisme : autrefois on restait dans son village ou sa région entouré de sa famille ce qui procurait une certaine stabilité. Il n'y avait pas besoin de courir en permanence après un statut, on était connu. Actuellement l'anonymat des villes fait que chacun doit en permanence montrer ce dont il est capable, produire une image pour conquérir sa place dans le groupe humain. D'où l'importance d'une certaine égalité sociale qui permet de faire baisser ce facteur de stress.
On le comprend cette étude est extrêmement importante. Tout d'abord parce que  cela prouve que ceux qui prônent l'égalité ont raison de le faire, et que les arguments de leurs détracteurs  - « l'égalitarisme, c'est le nivellement par le bas », ou « sans concurrence, pas d'émulation »- sont irrecevables puisque même les résultats scolaires et l'innovation sont supérieurs dans une société égalitaire.
La deuxième bonne nouvelle, c'est qu'il y a donc une solution j'allais dire miracle. En faisant baisser les inégalités, nous pourrons résoudre au moins en partie beaucoup de problèmes : la santé, le niveau culturel, le civisme...pas mal non ?
Et cela sans surproduction de richesses, sans croissance. On peut réussir à vivre mieux tout en diminuant notre empreinte écologique. Le dernier graphique tiré de l'ouvrage et que Fakir publie est une mise en relation de l'empreinte écologique et du bien être humain dans les différents pays. Les calculs des empreintes écologiques sont donnés par WWF et les indices de développement humain par les Nations Unies.  Les pays ayant un indice de développement humain élevé (niveau économique, culturel, libertés individuelles..) de plus de 0,8 ont tous une empreinte écologique supérieure aux capacités de la planète. Et inversement tous les pays ayant une empreinte écologique soutenable ont un indice de développement humain inférieur à 0,8. Le seul pays qui fasse exception est Cuba. Il est le seul à combiner écologie et développement humain.
Cuba est aussi l'un des pays les plus égalitaires. Alors entendons nous bien : tout n'est pas bon à prendre dans le modèle cubain mais les faits sont là ! (et d'ailleurs remarquez  que la propagande capitaliste fonctionne bien puisque nous sommes presque étonnés que Cuba ait un indice de développement humain parmi les plus élevés. Mais pas d'erreur, ce sont des chiffres calculés par les Nations Unies, pas par l'Internationale Socialiste …)
Le  choix de l'égalité est un exemple à suivre !
Références de l'ouvrage en question : «  Pourquoi l'égalité est meilleure pour tous » de Richard Wilkinson et Kate Pickett, éditions les petits matins
A la semaine prochaine
Colombe
Colombe88@laposte.net

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